Ce territoire, que dis-je, ce morceau de paradis, est situé à la limite sud d’un plateau dont la pente descend vers la Hantes. Cette rivière prend sa source à la Ferme d’Hurteau à Froidchapelle, traverse l’extrémité Est du département du Nord (Reugnies – hameau de Cousolre – et Bousignies-sur-Roc) et rentre en Belgique où elle conflue dans la Sambre, à Labuissière dans la commune de Merbes-le-Château. Le domaine de La Mazelle alimente par ses multiples sources cette rivière.
Depuis 2006 (2), les propriétaires de La Mazelle cherchent à faire renaître la biodiversité partout dans le domaine, dans les bois, aux étangs, dans le parc, aux alentours du vignoble. Ils recherchent les essences rares et créent des collections collections d’arbres comme les magnolias, les érables ou les hêtres. Nous avons affaire à la constitution d’un arboretum de qualité.
Quoi de plus naturel que dans un tel écrin de verdure, le vignoble fasse lui aussi l’effort de la préservation de la biodiversité. Je me souviens d’il y a 10 ans de la richesse de biodiversité du vignoble surtout en été. Le sol était peuplé de centaines de bestioles de toutes natures.
Depuis 2015, avec la vague d’interdiction du glyphosate, nous avons commencé à réellement réfléchir à d’autres moyens de maîtriser les herbes hautes qui contaminent les grappes en leur transmettant les spores de maladies fongiques, ennemies de la vigne.
Les plus petites plantules, qui constituent un couvert ras, ne sont pas dérangeantes pour les racines des vignes puisque ces dernières vont chercher leurs oligoéléments plus en profondeur.
Nous avons donc décidé d’arracher manuellement les herbes qui montaient trop haut, espérant permettre aux plantes locales basses de coloniser le dessous des rangs. Cette année 2016, nous avons constaté que les fraises des bois, notamment, s’étendent, de même que d’autres plantes courtes (géranium rampant, …).
Il est certain que l’arrachage nous occasionne de nombreuses heures de travail supplémentaire. Le prix de l’agriculture raisonnée, voire bio, est incontestablement plus onéreux en terme d’heures de main d’œuvre.
Pour notre petit vignoble, cultivé par une joyeuse bande de bénévoles qui ont tous un autre métier pendant la semaine, ce n’est pas évident !
Quant à notre maître de chai, Géry, il a suivi cette année 2016 une formation en biodynamie … Son regard a changé sur la nature, partie d’un tout, du grand Tout. Elle fait partie du ciel, de la terre, du terroir de La Mazelle, de la pente, de chaque rocher, de chaque plante qui cohabite avec nos chers pieds. Elle cohabite avec les pucerons, les fourmis qui élèvent les précédentes, les coccinelles européennes, les oiseaux… Si l’on regarde la vigne enracinée, elle a beaucoup de choses à nous transmettre.
La biodynamie est basée sur la philosophie développée par Rudolph Steiner : l’anthroposophie. La sagesse de l’homme. Bien que l’on peut mettre en doute cette sagesse à la lumière des attentats dramatiques de Bruxelles ou de Paris, l’homme a développé une grande sagesse au cours des temps. Il faut la retrouver au plus profond de nous-mêmes.
Ci-dessous une vidéo sur la biodynamie pour mieux comprendre cette démarche.
Géry de Broqueville
(1) Pour rappel le vignoble fait 1 hectare.
(2) Tous ces chemins portent un nom. Allée des hêtres, allée Napoléon, de l’usine, des étangs et bien d’autres encore que l’on peut découvrir durant la journée Portes Ouvertes de La Mazelle le 21 juillet de chaque année. D’ailleurs, devant chaque massif de plantes, des petits écriteaux indiquent le nom de la plante et sa date de plantation.