Vous vous souvenez peut-être de l’épisode en 2010 où une chevrette  avait mangé les jeunes pampres de l’Auxerrois. Depuis lors nous n’avions plus vu de chevreuils dans la vigne. Quelques volcelests (= empreintes en langue de vénerie) ont été repérés au-dessus du vignoble ou sur le Chemin Napoléon mais aucun chevreuil n’a été vu par corps dans la vigne. Dans le bois, des groupes de 2, 3, 4 ou 5 chevreuils ont été récemment vus avec certitude, le dernier – composé d’un broquart, d’une chevrette gravide, d’une chevrette et de deux jeunes de l’an passé, dont un mâle – ayant été rencontré ce dimanche 31 mars en fin de matinée entre les étangs et le tennis.

Mardi 2 avril 2013

Le matin-là, il en a été différemment. Sous un ciel bien bleu et un beau soleil, le vent du NORD-EST soufflait modérément et le gel de la nuit commençait à se diluer. Du bureau, j’entendais les tronçonneuses des bucherons qui travaillaient entre le Chemin des Écureuils, la limite NORD du bois et les étangs.

D’abord, entre 08 Hr 45 et 09 Hr 15, un groupe de quatre chevreuils se trouvait dans la vigne. Il était composé d’un broquart 6 pointes (bois assez fins et dépouillés de leur velours) et d’un autre broquart de première tête encore en velours ainsi que de deux chevrettes, dont probablement une chevrette gestante et une jeune de l’an passé. Ils ont gentiment traversé le vignoble d’EST en OUEST à mi-côte en dégustant les jeunes brins d’herbe entre les lignes.

Puis, entre 10 Hr 00 et 10 Hr 15, un groupe de trois chevreuils – un broquart 6 pointes (bois assez grands, évasés, dépouillés) meneur, un broquart de deuxième tête (portant 4 pointes en velours mais peut-être n’est-ce pas encore définitif) et une chevrette gestante. Ils sont sortis de la plantation de douglas en-dessous du Chemin Napoléon, ont un peu longé celui-ci en broutant les jeunes pousses sur le talus puis, à hauteur de l’empierré, ont traversé la vigne en biais vers l’EST – en ne s’intéressant qu’aux jeunes brins d’herbes – pour en sortir au premier tiers de la côte et rentrer immédiatement dans le bois. Pendant qu’ils étaient dans le vignoble, un coq faisan a appelé dans les grands douglas en bord du champ, ce qui les a vivement intéressés : comme un seul chevreuil, ils ont tous immédiatement regardé dans sa direction puis ont paisiblement continué à viander.

Je crois qu’il s’agissait de deux groupes de chevreuils différents. Ils n’accordaient aucun intérêt ni à la vigne ni aux sarments mais je crains que, lorsque le printemps leur permettra de sortir, les bourgeons et les jeunes pousses soient tout à fait de leur goût ! Ils franchissaient systématiquement les lignes juste en aval des pieds, là où prend fin la charpente du pied inférieur.

Selon qu’elles sont primipares ou multipares (ou pluripares), les chevrettes, femelles de chevreuil (Capreolus capreolus), mettent bas un ou deux faon(s) entre la fin avril et la mi-juin, avec un pic en mai. Le mâle se nomme broquart (ou brocard ou broquard).

Ce fut un magnifique spectacle mais gageons qu’il ne se verra plus avant longtemps car mon petit doigt me dit que Thérèse leur interdira très prochainement d’encore parader de la sorte ! Mercredi 3 avril 2013

Au tout petit jour, à l’heure où, ce matin-là, les ombres commencent à émerger de la nuit et où quelques moutonnements nuageux pâlissaient le ciel, trois chevreuils finissaient leur tournée nocturne entre 06 Hr 42 et 06 Hr 57 en happant quelques brins d’herbe choisis dans le bas de l’Auxerrois et dans la bande enherbée sous la vigne avant de rentrer dans le bois à l’OUEST de la vigne. La froidure était moindre que la veille mais la demi obscurité ne m’a pas permis d’identifier nos hôtes avec plus de précisions (à la forme de son miroir, il y avait au moins un broquart). Le même coq faisan qu’hier appelait toujours aussi désespérément vers la vieille usine mais il n’intéressait manifestement pas les chevreuils. C’était malgré tout une bonne matinée car, par après, j’ai vu un beau gros lièvre, bien brun, descendre et musarder dans la vigne tandis que, un peu plus tard, le coq remontait vigoureusement la vigne pour passer au-delà de l’enclos des chiens. Quand on vous dit qu’il se passe tout le temps quelque chose de magique à La Mazelle, nous croyez-vous ? Petit message privé à Thérèse : ne te dépêche pas trop de pulvériser et d’installer tes repoussoirs, que je puisse encore voir ces spectacles dont je ne me lasse pas !

Vendredi 5 avril 2013

Changement de programme : c’est franchement dans la matinée que les choses se passent, entre 10 Hr 27 et 10 Hr 32. Alors que l’on arrose le nouveau parterre de rosiers et d’azalées, entre l’enclos des chiens et la vigne, deux chevreuils empruntent la bande enherbée sous la vigne vers les étangs. Sans courir, ils ne traînent pas trop ; sans jeuner, ils se hâtent de grappiller quelques brins d’herbes. Rentrés dans bois, ils font par contre honneur aux fougères et ronces qui les dissimulent vite (le Chevreuils est pourtant réputé gourmet!). Il s’agissait de deux femelles : une chevrette et son jeune de l’an passé ; les deux flancs du jeune étaient symétriquement très mités et il est probable qu’elle commençait à muer mais ses flancs étaient vraiment laids (on aurait dit de très grandes selles de mouflon, allant du mi-torse à la mi-panse).

Henry

Samedi 6 avril 2013

Toute l’équipe est au estival des Vins wallons au barrage de la Plate Taille sur les Lacs de l’Eau d’Heure. Je m’apprête à les rejoindre. Avant de sortir les chiens puis de partir, je regarde par la fenêtre des la cuisine. Un chevreuil dans le Pinot noir, à moins de 30 mètres de la maison ! Une chevrette. J’empoigne mes jumelles et sors sur la terrasse. Probablement un peu trop vite et pas assez silencieusement. Elle me voit, me regarde et fuit vers le bois à l’EST, sur la même courbe de niveau ; elle se glisse, comme les premiers observés, sous les fils mais n’aboie pas. Un dernier coup d’œil à la vigne avant de partir. Tiens, un chevreuil. Il descend assez vivement et prestement la ligne. C’est un broquart très moyen, pas très haut de bois et pratiquement sans andouiller, sans pourtant être une 1ère tête. Il rejoint la bande enherbée sous la vigne en faisant mine de déguster quelqu’herbe jeune et fraîche – mais le cœur n’y est pas – puis suit le Chemin Napoléon vers le coin SUD-EST de la vigne et rentre presque paisiblement dans le bois.

Henry.